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Pour relier Teotihuacan qui se trouve à 40 kms au nord-est de México, nous empruntons une route qui nous fait découvrir les bidonvilles qui envahissent les collines environnantes, de façon totalement anarchique. Cela s’explique en partie par l’exode rural qui envahit et gangrène la ville.
C’est là aussi que nous verrons pour la première fois les deux particularités que nous retrouverons aussi dans les villes de la péninsule du Yucatan. La première particularité, ce sont toutes ces maisons qui semblent inachevées : en fait, nous explique notre guide, tout est prêt pour pouvoir construire rapidement et à moindre frais un étage supplémentaire, afin de pouvoir accueillir de nouveaux membres de la famille ! La seconde particularité, ce sont toutes ces citernes en plastique qui fleurissent sur les toits des maisons et des immeubles : ces réservoirs servent à stocker l’eau car, même si les trois-quart des foyers bénéficient de l’eau courante, celle-ci n’est pas forcément disponible à toute heure ! Un des grand problème de Mexico est le manque d’approvisionnent en eau potable et la situation est d’autant plus critique que la surexploitation des nappes phréatiques provoque l’enfoncement de quartiers entiers de la ville.
Peu avant d’arriver à Teotihuacan, notre guide nous emmène dans une fabrique d’objets en obsidienne.
Pour commencer, nous apprenons qu’il existe une plante miraculeuse au Mexique, qui fournit du parchemin , des aiguilles, des fibres à tisser, du fil à coudre : il s’agit de l’agave et le démonstration est sidérante . Nous avons d’ailleurs pu emmener des échantillons de tout ce que le guide local venait ainsi d’extraire devant nos yeux à partir d’une simple tige. prélevée sur la plante. Et ce n’est pas tout ! Cette plante permet aussi d’obtenir une boisson dont je n’avais jamais entendu parler : le pulque, une boisson sucrée et légèrement alcoolisée (5°à 8°).
En savoir plus sur le pulque


La démonstration doit nous convaincre qu’ici nous trouverons des objets d’excellente qualité, qui résisteront à tout car taillés dans de l’obsidienne et non façonné à partir de plâtre simplement recouvert (on peut donc se faire gruger à ce point ?….)
Les pièces exposées s’inspirent pour la plupart des oeuvres archéologiques (masques, sculptures, bas-reliefs…) et me semblent toutes remarquables ! Claude aura fort à faire pour que je reste raisonnable aussi bien au niveau du budget qu’au niveau de la taille de l’objet sur lequel je vais jeter mon dévolu !
Pour avoir comparé ensuite avec ce que l’on peut acheter sur le site de Teotihuacan lui-même, nous n’avons en aucun cas regretté nos acquisitions.
Nous choisissons la spécialité de la maison, le « Molcajete Azteca » : c’est délicieux et copieux !
Ce sont les Aztèques qui ont baptisé cette cité mais elle était déjà en ruine au moment de leur domination.
Au XVIe siècle, quand H.Cortès et ses troupes passèrent à proximité, ils ne virent que des monticules de terre car le site s’était écroulé.

Le Palais de Quetzalpapalotl (papillon) était probablement la résidence du haut clergé. Il se reconnait facilement grâce à sa couleur rouge. Ce sont les sculptures, sur les pilastres, représentant l’oiseau mythique Quetzal-Papillon, qui ont donné son nom à ce palais.
Il comporte un patio inférieur entouré de galeries à portiques sur ses quatre côtés, donnant sur une série de salles dont les toits, détruits au cours d’un incendie, ont été reconstruits.
Derrière ce palais, se situent deux autres bâtiments importants :
• le Palais des Jaguars comportant une cour rectangulaire intérieure avec un portique et un petit temple. Son nom a été donné d’après les fresques de jaguars musiciens qui ornent ses murs.
Il s’agit d’une construction ouverte constituée de structures superposées utilisées à différentes époques : un dirigeant faisait ériger une pyramide, son successeur en fera construire une plus grande par-dessus l’ancienne, et ainsi de suite !
Une partie du palais est formée par les portiques de l’édifice nord et les restes des constructions situées autour de la place. Dans les pièces à portique se trouvent des talus décorés de félins portant des coquillages sur le dos et soufflant dans des conques à plumes, comme le montre la photo ci-contre.
Notre guide nous expliquera que les parties restaurées sont reconnaissables aux petits cailloux dans les jointures : c’est particulièrement visible sur cette photo.
• le Palais-temple des conques à plumes dont ne subsistent que les façades décorées des conques qui lui ont donné son nom et de divers motifs marins et floraux
Ce temple a été construit avant le Palais du Quetzal-Papalotl, il était en effet déjà en ruines, recouvert par un autre édifice lorsque ce dernier était en fonction. Un passage artificiel réunit ces deux monuments, et à l’intérieur, là où a été découvert le Temple des Conques à plumes, se trouve l’accès aux murs dont cet édifice tire son nom : les pilastres sont en effet décorés de conques à plumes disposées en enfilade, encadrées de frises et de jambages de fleurs.

La plate-forme liée au temple présente, sur trois de ses côtés, la classique structure en panneau-talus de Teotihuacán, alors que la face ouest est interrompue par un escalier où ressort la peinture d’un perroquet arrosant une fleur avec son bec, motif reproduit à l’intérieur des panneaux. Sans notre guide, jamais je n’aurais reconnu un perroquet ! (et pourtant, c’est évident quand on sait …)

LA PYRAMIDE DE LA LUNE
Sa silhouette s’apparente à celle du Cerro Gordo (grosse montagne) appelé Tenan en náhuatl, ce qui veut dire « mère ou protecteur en pierre ». C’est, après la Pyramide du Soleil, le plus grand édifice de Teotihuacán. Elle recouvre une structure plus ancienne et présente cette forme dès la période couvrant l’an 0 à l’an 200.
Entre les années 200 et 450 est venue s’ajouter la structure à quatre corps en panneau-talus, face à l’escalier qui donne sur la Chaussée des Morts. Cette structure présentait en sa partie supérieure une plate-forme où se déroulaient des cérémonies en l’honneur de Chalchiutlicue, la divinité de l’eau liée à la lune, à laquelle était dédié le temple supérieur et dont on a retrouvé une sculpture au pied de la pyramide.
Depuis dix ans, l’édifice fait l’objet de fouilles passionnantes qui remettent en cause les connaissances sur la civilisation de Teotihuacán : l’archéologue Ruben Cabrera y a en effet découvert plusieurs chambres funéraires, remplies d’offrandes, dont des corps d’enfants sacrifiés…
La vue du sommet de la pyramide embrasse l’ensemble du site : l’ascension en vaut vraiment la peine comme vous pouvez le constater sur cette photo.
La grande avenue qui traverse tout le site courait autrefois beaucoup plus loin au sud; son nom lui vient des Aztèques qui, à tort, prenaient les édifices qui la bordent pour des tombes royames.
Face à la pyramide se trouve la vaste Place de la Lune (207,5 m x 135,5 m), comportant un autel central ainsi qu’une construction originale délimitant des divisions internes, formée par quatre corps rectangulaires et quatre autres en diagonale qui dessinent ainsi une figure qui a reçu le nom de « croix de Teotihuacán ».
L’importance de cette place est indiquée par le fait que la Voie des morts y prend naissance, mais aussi par la présence des palais situés à l’ouest où se trouvent les vestiges de magnifiques bas-reliefs et de peintures murales, comme nous l’avons vu.
L’Avenue des Morts est bordée de temples, de palais et des demeures des plus hauts dignitaires de Teotihuacan.
Les petits autels répartis de part et d’autre de l’allée des morts, en paliers, présentent une curiosité appelée Talud-tablero : il s’agit d’une technique inventée par les teotihuanacanos, qui consiste à renforcer la base du panneau vertical en créant une pente d’appui à sa base. Ce système constructif sera repris par d’autres civilisations locales comme les mixteques.

Cette peinture murale a été découvertes lors des fouilles de 1963, dans un ensemble de plateformes et de temples baptisé « complexe du Puma » car présentant une certaine unité architecturale.
Cette peinture est un exemple représentatif de la peinture de Teotihuacan. Il s’agit d’un gros chat sauvage, probablement un puma, avec un fond d’ondulations aux couleurs rouges, blanches et vertes, se réfèrant à l’eau. Cette peinture murale est une preuve que les bâtiments que nous voyons maintenant ont été recouverts de stuc et peints par des groupes d’artistes spécialisés dans la représentation de symboles compréhensibles par tous.

LA PYRAMIDE DU SOLEIL est la construction la plus importante et l’une des plus anciennes de Teotihuacán. Bâtie sur une terrasse de 350 m de côté, sa façade principale est orientée vers le point où se couche le soleil lors de son passage par le Zénith (toutes les constructions, ainsi que l’avenue des Morts, obéissent à cette norme).
Son aspect actuel ne correspond pas à ce qu’il fût, car elle était recouverte d’une couche supplémentaire de constructions peintes et stuquées d’environ 6 m d’épaisseur qui a été en partie détruite. Elle était à l’origine composée de quatre corps reposant sur une base quadrangulaire de plus de 200 m de côté. Elle a été reconstruite au début du 20ème siècle lors des fouilles menées par l’archéologue mexicain, Leopoldo Batres pour célébrer le centenaire de l’Indépendance du Mexique. Il semblerait qu’il ait fait une erreur en lui donnant 5 niveaux, ayant confondu un pan de l’ancienne façade et un cinquième niveau inexistant. Elle mesure 66 m de haut, sans compter le temple qui se trouvait en sa partie supérieure et contenait une idole de pierre que l’archevêque Zumárraga, pendant la colonisation, a fait détruire.
Elle mesure à la base 222 m x 225 m, mais sa hauteur ne devait pas dépasser 75 m lorsque le temple du sommet existait encore.
Au cours des années 70, une grotte naturelle a été découverte au centre de l’escalier, avec un passage d’une longueur d’environ 100 m vers le centre de la pyramide, se terminant par quatre chambres dans lesquelles a été trouvé un certain nombre de pièces archéologiques. Plus d’un million de briques d’argile ont été nécessaires pour la construction. Imaginez vous la main d’oeuvre utilisée !

En sa partie postérieure, sur les côtés des escaliers, se trouvent de grands contreforts et des pierres encastrées qui avaient pour fonction de soutenir la couche de mortier recouverte de stuc peint en blanc et rouge. Cette grande structure est constituée d’un noyau de blocs de pierres poreuses agglomérées avec de la terre battue, recouvert ensuite d’une chape de pierres volcaniques. Elle a été édifiée en deux étapes entre le début de notre ère et l’an 200, construction de la grande masse pyramidale, et plus tard, de la pyramide couvrant l’escalier central de la façade ouest, constituée également de quatre corps en panneau-talus.
La file d’attente, en ce week-end Pascal, était impressionnante et nous a fait renoncer à l’escalade.


Le figuier de Barbarie ou Nopal : cette plante arborescente originaire du Mexique peut atteindre 4 à 5 mètres de haut. Ses figues sont riches en vitamines C, les jeunes « raquettes », les nopalitos, sont consommées en légume. Les fruits et les fleurs sont utilisés pour faire des macérats d’huile très riches pour la peau. Elle contient deux colorants alimentaires et elle est utilisée pour l’élevage de la cochenille qui produit un colorant rouge utilisé pour les teintures textiles.
Sur le site, un mexicain nous fait une démonstration de dessin en n’utilisant que ce que la nature met à sa disposition …

Au cours de leurs excavations, les archéologues ont mis au jour une structure dont la période de construction semble coïncider avec celle du temple de Quetzalcoatl : les similtudes sont nombreuses. Comme elle a été recouverte, suivant la coutume de l’époque, par une construction plus imposante, elle a été particulièrement bien conservée. On peut y admirer des revêtements de sol en stuc, un escalier flanqué de balustrades terminées par d’immenses têtes de serpents à la langue fourchue, recouvertes de stuc rose.
On remarquera que la construction qui est venu la recouvrir n’a pas repris les têtes de serpents mais des têtes de félins.
Nous arrivons à l’extrémité sud de la Chaussée des Morts et sommes en vue de la « Citadelle » : ce grand quadrilatère a été baptisé ainsi par les premiers Espagnols qui ont pensé qu’il s’agissait d’une forteresse, à cause de l’édifice central autour duquel s’élevait une muraille à accès échelonné, entourant la place.
Ce sont les fouilles archéologiques réalisées au cours du XXème siècle qui ont montré l’existence du Temple de Quetzalcóatl : on s’est rendu compte que la pyramide centrale masquait un temple plus ancien, dédié à Quetzalcóatl, dont la façade est ornée de magnifiques sculptures jadis polychromes, qui représentent des serpents emplumés (Quetzal : oiseau à longues plumes, Coatl : serpent) et des masques de Tlaloc, le dieu de la pluie.
Au cours de nouvelles fouilles, des tombes de guerriers sacrifiés en offrande ont été découvertes : ils avaient les mains dans le dos, comme si elles avaient été attachées, portaient des tambours d’oreilles en pierre verte, des colliers en perles de coquillages et des pectoraux fastueux, et étaient entourés de figurines anthropomorphes et d’objets en obsidienne, tels des pointes de projectiles et des couteaux.
En 2003, les archéologues Sergio Gómez et Julie Gazola ont découvert par hasard un tunnel vieux de 1 800 ans et de 100 m de long sous le temple de Quetzalcóatl ; il conduit à une série de galeries et chambres qui sont taillées à même la roche. Il faudra attendre 2010 pour que l’exploration puisse être envisagée. Les archéologues espèrent y découvrir des tombes de dignitaires.

Les fouilles ont aussi révélé un urbanisme avancé : les maisons étaient centrées autour d’un patio qui distribuait l’air et la lumière, l’eau de pluie était récupérée et il existait un réseau d’évacuation des eaux usées.

Cinq pour cent seulement du site de Teotihuacan, qui s’étend sur 25 km2, a été fouillé, bien que le travail d’exploration de l’ancienne ville ait commencé il y a plus d’un siècle ! Les découvertes se suivent et ne se ressemblent pas : ainsi, début 2012, l’INAH a révélé la présence, à 2km du site, de dépôts funéraires qui contenaient 33 corps et 33 000 objets artisanaux liés aux rituels d’inhumation précolombiens. Ces vestiges datent de 225 ou 550 de notre ère. Cette découverte prouve la présence de ce que l’on appellerait aujourd’hui une classe moyenne, en périphérie de la Cité des Dieux : « les cinq structures étaient destinées à l’usage domestique et l’une d’elles, nommée le bâtiment 8, a servi de zone résidentielle pour la classe moyenne ». Le matériel funéraire, ainsi que les structures architecturales dans lesquelles il a été trouvé, vont donc permettre d’approfondir l’étude de l’organisation sociale et urbaine de la culture préhispanique. Teotihuacán a encore de nombreux secrets à dévoiler !
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